vendredi 23 janvier 2009

Abracadabra Philippe Decouflé



chorégraphie : Philippe Decouflé
musique : Sébastien Libolt

jeudi 22 janvier 2009

Projection

Laurent Grasso, Projection, Video 37"

Projection

Ce n'est pas toi qui gratte ta mémoire.
C'est la mémoire qui entre sans frapper.

Une main sur ton genou
Une main sur ton genou
Est-ce toujours ton genou?
Est-ce vraiment ta main?
Cette brûlure te transporte.
Tu n'es plus dans ton lit.
Tu voyages, tu voyages,
Insomnie d'un nuage.

Sous-marine la lave renoue.
Tu lapes les cristaux sur vos joues.
Au revers des récifs,
nous enlace des coraux
l'aubade, à nouveau.

Estelle C.

mercredi 21 janvier 2009

Young bird


Jeune martinet impatient, Estelle C.

Avoir le coeur impatient, sans se soucier de son aptitude à s'envoler encore, puisque la certitude de ce ciel s'est inscrite, souverainne, dans les nervures mêmes de tes songes.

Les ailes apprivoisent l'invisible, c’est tout l’espace se déplissant, déferlant soudain.

Le duvet des balbutiements brasillent, crépitent, chatoient, les mélodies par myriades envoûtantes se dessinent, s'étincellent, en ramages sous la peau, un écheveau sans mesure. S'ouvre le livre d'heures où fascinés les sabliers demeurent immobiles.

Quand ouvriras-tu donc tes volets, m’interroge résolu son œil bleui par son désir inassouvi en miroir ensorcelé.

La spirale du temps t’offrira par nuées, ce que ton attente exaltée enserre au bout de mes doigts.

Estelle C.

mardi 20 janvier 2009

Chaman - Sylvaine Jenny

Chaman, Sylvaine Jenny*
"Lorsque meurent les légendes, meurent aussi les rêves"

Hal Borland

*Sylvaine Jenny, plasticienne, illustratrice, qui aime les légendes, les contes, les mythes, les histoires qui font les yeux s'écarquiller, les oreilles s'ouvrir toutes grandes et les coeurs s'émerveiller.
Vous vous en apercevrez en visitant son site.

Dans votre agenda : Vernissage ce jeudi 22 janvier à 18h30
au théâtre de Clermont-l'Hérault, exposition jusqu'au mercredi 11 mars
(du mardi au vendredi de 14h à 17h, théâtre, allées Salengro. Entrée libre)

Je vous invite à lire ce conte
Le garçon qui tenait l'arc de l'arbre-soleil

"Espérons que se rapproche l'ère où principes masculin et féminin gouverneront l'île de la Tortue comme il y a des centaines d'années avant l'arrivée de l'homme blanc. Car c'est dans la communion des sexes que l'énergie humaine irradiera et soutiendra en fin de compte notre planète.

Il n'est pas trop tard. Abandonnons le "garçon" qui est en chacun de nous pour laisser place à la sagesse mâture de l'homme-femme, de la femme-homme, de Wu-men. Car en chinois wu signifie "sans" et men "porte, seuil". Voilà bien l'union des contraires. La porte sans porte des taoïstes : le Wu Men Kuan. C'est la voie sans la voie, la porte sans la porte, le savoir sans le savoir. Tout comme le "garçon" - qui figure l'impulsion destructrice de notre nature tournée vers l'ego - est issu de notre milieu, embrassons et tendons l'arc de la beauté et laissons partir à son rythme la flèche de nos rêves les plus profonds - désireux d'atteindre le cosmos, de se libérer du moi, d'ouvrir wu men kuan, le seuil sans porte de l'univers."

et à parcourir ce site consacré au chamanisne et à la pensée amérindienne dont il est extrait : http://pagesperso-orange.fr/yanu/HTML/chamanisme.htm

samedi 17 janvier 2009

Tempête têtue à se taire

Tempête têtue, à se taire ne s'évertue
Lancinant silence baisse la herse, aiguise ses lances
Pâles paumes pâmées pour partition improbable
Le ressac du rapt capture toutes ratures
Un essaim de mots fourmille, crépite
Obtenir un gage serait-il gageure?
Condamner l'inconséquence sans en connaître la cause?
Exhiber ses équinoxes, exfolier les ecchymoses
La morsure de l'évidence sous le masque des apparences
Interprétations intraduisibles, nuisibles mutineries
Autopsie de l'insomnie dans le coma du songe
Le ravissement du rêve ranime son souffle
Les pulsations du temps tapissent ta tête
Effeuillant pétale à pétale les parures diaprées
L'absence de réponse en ramification de ronce
Dans les sillons des interrogations se fronce
Ai-je cueilli le dernier fruit posthume?
Dans le berceau de mes mains vacille un baisé déposé
La rumeur lointaine d'une voix sous-marine tente de l'apaiser
Ô réminiscences des murmures, chuchotements de la mémoire
Froissements de langue aux marches du palais
Turbulences océanes
Aspirations cycloniques d'étoffes moirées
Incarnat du coeur, nuances syncopées
Sur les lambris de la distances
Sur le déni de l'absence
Pas de danse esquissés
Pampres des bras noués
Sous la peau une volière s'anime à nouveau
Dispersant les cendres, amas ennemi,
Attisant, frémissement d'ailes, la braise enfouie
Où es-tu donc?
Quand l'écume du souvenir me laisse seule sur le rivage,
A attendre l'horizon d'une voilure hissant son pavillon d'inconnues
Impénitente, de la vigie garder l'altitude
Revoir ces ombres souveraines, dans tes yeux, oscillantes
Flottilles embusquées infiniment désarmantes
Mon égérie dans une ville en pluie
Je suis cette ville que tu ne parcours
Qu'au détour de mes mots égarés

Estelle C.

vendredi 16 janvier 2009

Carrousel le coeur

Carrousel le coeur quand le cygne étend son aile
d'un coquillage vous avale / alluvion des brèches
Tu cherches une ombre dans une poignée d'oeufs
Le vent poursuit, rattrape, s'engouffre, passe partout
Un nuage te pince / chat curieux remue l'inanimé
Fils à hautes tensions grésillent dans le morne pays
La joute des fontaines / goutte à goutte / en apesanteur
Un tronc noué / d'argile se saoule / sauvage
sous la pierre juste la trace de la pierre toi qui voulait
Je n'ai pas dit /pas encore aurais-je le temps que tu / m'entendes
chaque particule d'air renvoie une lumière / aveugle/aveuglante
Une araignée d'eau valse entre les roseaux / leurs duvets s'en souviennent
A ciel ouvert les cariatides porte l'azur et / l'outre mer
inscrit dans un bouton de fleur / à l'intérieur /ouvert fermé / ouvert
Une pince à sucre dont personne ne se sert / plus
Répètes le encore / mon coeur n'est pas las de l'entendre
Le sel creuse la rouille / se détache les éclats
D'une rive à l'autre / le cri / une mouette s'est-elle perdue?
Rescapée / une bouée au bout de la corde / dévidée
Roule le buisson squelettique / trace / scriptural secret
Impavide la statue te montre / du doigt
La vague rejoint la vague / défroissant

Estelle C.
( 15/01/09)

The frozen world - Emilie Simon [BOF La marche de l'empereur]

The frozen world

Won't you open for me
The door to your ice world
To your withe desert

I just want to stare
Out over these snowfields
Until we are one again
We belong to the frozen world
When the ice begins th thaw
Becomes the sea
Oh, you will see
How beautiful we can be

Everything is calm
At the end of the planet
In our white desert

The sun kissed the ice
It glistens for me
And we are one again
We belong to the frozen world
When the ice begins to thaw
Becomes the sea
Oh, you will see
How beautiful we can be.

Le Monde Gelé

Pourrais-tu ouvrir pour moi
La porte de ton monde de glace
De ton désert blanc

Je veux simplement contempler
Tous ces champs de neige
Jusqu'à ce que nous ne fassions qu'un à nouveau
Nous appartenons au monde gelé
Quand la glace commencera à fondre
Et deviendra la mer
Oh, tu verras
À quel point on peut être beaux

Tout est calme
Au bout de la terre
Dans notre désert blanc

Le soleil a embrassé la glace
Il brille pour moi
Et nous ne faisons qu'un à nouveau
Nous appartenons au monde glacé
Quand la glace commencera à fondre
Et deviendra la mer
Oh, tu verras
À quel point on peut être beaux

jeudi 15 janvier 2009

Paroles d'enfant


un doudou sur le coeur carrousel, Estelle C.

Je marchais en hâte vers mon rendez-vous, j'étais en retard, devant moi une femme et un enfant. Je relevais le nez enfoui dans mon écharpe, intriguée. L'enfant marchait la tête en l'air, obnubilé, ne pouvant quitter des yeux quelque chose là-haut, je regardais, scrutais, cherchais ce qui pouvait le fasciner à ce point, qu'y avait-il d'incongru dans la corniche de l'opéra ou était-ce au delà dans la nuit?
Je ne décelais ce que ses yeux hypnotisés ne pouvaient quitter un instant.
J'accélérais le pas, vérifiais encore une fois combien je ne savais suspendre le temps, non, décidément!
Avant d'arriver à leur hauteur, je levais une dernière fois les yeux, sait-on jamais?
Puis les dépassant, j'entendis ce petit garçon interroger :
" Les étoiles filantes quand elle tombent ; quand elles tombent, elles se font mal?"

J'aurais voulu ralentir mon allure, j'aurais voulu être indiscrète pour écouter toutes les questions de cet enfant.

Racontant cette anecdote à mes amies, Ourida nous confia la si délicieuse réponse d'une petite fille à qui sa mère réprobatrice lui demandait où elle avait bien pu mettre les mains pour les avoir si noires :
"Je les ai trempées dans la nuit."

Estelle C.

mardi 13 janvier 2009

Allez! Sous riz, puisque c'est grave!

My beautiful laundrette, Estelle C.

Vous ne vous sentez pas bien, vous traînez un rhume et son long cortège de kleenex, vous vous sentez aussi courbaturée que si vous aviez passé la journée à éviter les piétinements d'une mêlée de rugby et votre ventre s'est mué justement en ballon ovale qui s'exprimerait par borborygmes, les spasmes se mettent eux aussi à gargouiller, vos douleurs ne se libèrent qu’en signaux odoriférants, bonheur d’avoir le nez bouché parfois !

Vous ne cherchez pourtant à faire fuir personne, l’ennemi est interne, toute décatie vous regagnez votre lit en soliste, diminuée, la toux fidèlement vous y accompagne pour une salutaire séance de gymnastique abdominale, vous qui ne fréquentez guère les salles de sport.

Vous ne dormez plus mais vous n’êtes pas éveillée, c’est léthargique que vous êtes votre propre spectateur impuissant. Vous ne maîtrisez rien. L’humiliation vous gagne de concert.
Ce jour là précisément, les amies qui veulent vous voir. L'une vous conviant à boire un café au soleil qui est revenu lui aussi, mais vous ne lui infligerez pas votre pâleur, une autre vous proposant de vous oxygéner dans le jardin des plantes pour fuir la cohue frénétique de cette période de soldes et une dernière vous invitant dans la soirée à voir le dernier film d'Agnès Varda, "les plages d'Agnès" en guise de cadeau de noël, une belle attention, vous qui affectionnez cette cinéaste iconoclaste, fantasque, espiègle, humaine...Bien, ça ne va pas être possible !...Vous restez couchée avec un rhume récalcitrant, une bronchite persistante, avec le chiendent d'une fatigue prenant ses quartiers dans les moindres recoins, anesthésiant, anéantissant toute volonté autre que celle d'empoigner votre oreiller...

La présence de vos amies vous réconforte quelque peu même si vos seuls interlocuteurs tangibles sont de toute évidence vos seuls doigts de pieds!

En vous, surtout, ce traumatisme des incontinences irrépressibles, ces bombes à retardement dans les entrailles lapidant tout élan, vous maintenant emprisonnée à faible distance de la lunette de vos cabinets, soit une sanitaire garde à vue !

Puis quand la nuit arrive, elle arrive tôt, vous allez mieux, vous bénissez le progrès, l'inventeur de la machine à laver, vous bénissez la chance d'en avoir une à domicile, vous pensez aux femmes qui devaient aller au lavoir, vous faites une grimace moqueuse à Renoir qui pensait que le corps des femmes avaient beaucoup perdu depuis qu'elles n'étaient plus lavandières! Ah ...Ces hommes! Ils ne peuvent s'empêcher de donner du grain à mon féminisme! Ce moulin là tourne bien, trop bien!
C'est certain, c'était du sport de savonner, frotter, brosser, battre, essorer des kilos et des kilos de linges empesés.

Ces cataclysmes internes vous enserrent dans l’étau d’angoisses prégnantes, ce n'est certes pas le genre de volcan que l'on a envie de partager, ils attendent que vous soyez recouchée, abattue, rendormie, ou seulement sous la somnolence d'une intense asthénie, d'une puissante inertie pour se réveiller à nouveau, la perversité incarnée!
Vous êtes sans appétit, pas la peine de le nourrir le monstre. Mais comme vous faites corps, pas le moment de dépérir non plus!...Bon...Heureusement il vous reste le thé et le riz Basmati!

Chance, aussi ces denrées sont toujours dans vos placards.

Providence, votre tendre n'était pas dans votre lit!
Bah… J’essaie de voir le positif!...Bien que la vraie fortune soit de ne plus connaître ces affligeants désordres de transit et de l'avoir dans vos bras, enfin !...Sans transition!...Pour d'autres corporelles métaphores...

Si néanmoins, tous vos méandres ne l'ont pas vu prendre la fuite!

Allez, souris puisque c’est grave…Vous faites du riz pour deux.

Il faut bien nourrir sa solitude, sinon comment pourrais-je marcher vers toi.

jeudi 8 janvier 2009

Confondues


constellation de flocons, Estelle C.

Confondues,

Au souvenir enchevêtré de nos mains,
des xylophones plein les yeux, j'ai!
De toutes nos équations, les inconnues s'entrecroisent
La langue retrouve l'hydrophile saveur,
Soudain ;
Sans Y grec,
à en perdre son latin.

L'Hydre nous constelle de déclinaisons confondues,
Confusément,
Profusément ;
De pronfondis,
Des roseraies se supplicient.


Estelle C.

mardi 6 janvier 2009

lire l'avenir


photographie, Estelle C.

Dans le marc de mon café, je peux vous prédire que seules les larmes artificielles ont une date de péremption certifiée.
Je suis une diseuse de bonne aventure juste par maladresse.
Aussi mes consultations ont-elles le prix d'un sourire, voire d'un fou rire,
mais qui connaît la frontière du rire aux larmes?

Il me revient en mémoire les films de John Cassavetes surtout Faces et Love streams, voilà un entomologiste des émotions, sensible à leur capture, attentif à leur fragilité, à leur vie d'éphémères, à leur force de roseau, aux liens qui ne se brisent, à ceux qui se déchirent, à leur écosystème toujours en milieu acquatique.
Il connaissait leurs couleurs d'apparat et leur vertige, le moment où tout bascule, il savait regarder derrière les miroirs, au delà des masques, des convenances, le projecteur sur cette solitude existentielle qui est la nôtre quand elle rencontre l'autre, avec au coeur le désir non de déchiffrer nos hiéroglyphes mais de nous en montrer la lumière incarnat par intermitence, les respirations d'un papillon entre deux battements d'ailes, l'âme au bout des doigts palpitant, image par image.

Estelle C.

lundi 5 janvier 2009

depuis...


Le Moine au bord de la mer
Caspar David Friedrich

depuis...

Aux abords d'une nouvelle année,
seule face à l'horizon toujours incertain,
si ce n'est sa ligne insaisissable, infranchissable,
toujours plus loin quand le désir te porte à sa rencontre,
à moins de ne voir apparaître enfin le rivage où accoster après son long voyage,
le dernier,
mais avant quitter son îlot, affronter le vaste, l'inconnu,
oser les flots,
confondre l'attente,
sur ton visage, les embruns se mêlant à la marée intime,
au bout de la langue, le sel a le goût du sel, toujours.
Dans les yeux une éclaircie,
toujours le soleil revient, indifférent à nos ténèbres,
toujours les vagues sur le sable noient leur crête sauvage.
Les fioles des regrets dans quel océan les verser?
Toute l'iode des mers pourrait-elle suffire à masquer leur amertume?
Les promesses se muent-elles en de fragiles hypothèses?
Pourtant dans la confiance d'un seul regard,
je suis grimpée à bord de leur flottille,
où j'attends chaque nuit la phosphorescence des algues guider mon sillage.
Je murmure à l'oreille des coquillages pour que tu y entendes ma voix,
depuis.

Estelle C.