mardi 6 janvier 2009

lire l'avenir


photographie, Estelle C.

Dans le marc de mon café, je peux vous prédire que seules les larmes artificielles ont une date de péremption certifiée.
Je suis une diseuse de bonne aventure juste par maladresse.
Aussi mes consultations ont-elles le prix d'un sourire, voire d'un fou rire,
mais qui connaît la frontière du rire aux larmes?

Il me revient en mémoire les films de John Cassavetes surtout Faces et Love streams, voilà un entomologiste des émotions, sensible à leur capture, attentif à leur fragilité, à leur vie d'éphémères, à leur force de roseau, aux liens qui ne se brisent, à ceux qui se déchirent, à leur écosystème toujours en milieu acquatique.
Il connaissait leurs couleurs d'apparat et leur vertige, le moment où tout bascule, il savait regarder derrière les miroirs, au delà des masques, des convenances, le projecteur sur cette solitude existentielle qui est la nôtre quand elle rencontre l'autre, avec au coeur le désir non de déchiffrer nos hiéroglyphes mais de nous en montrer la lumière incarnat par intermitence, les respirations d'un papillon entre deux battements d'ailes, l'âme au bout des doigts palpitant, image par image.

Estelle C.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

De l’humour noir voire noirâtre, une décoction contre la douleur,
Un livre de recettes à nul autre pareil. Félicitations, magnifique, je prends avec toi
Un café glacé de tendresse au bord d’un puits perpétuel.

sémaphore a dit…

L'âme de Lancelot fera tourner les tables de la loi hivernale pour sa dame