jeudi 19 février 2009

Expédition en terre inconnue



Astronaute, sur une planète toujours inconnue dans son essence même, en dépit des ressemblances, baptisez chaque cratère, gouffre, domaine, zone, le moindre sillon, au détour de toutes courbes, de toutes voûtes, de toutes énigmes, nommer une à une la couleur de vos émotions.
Calligraphe, de votre main à même la peau, sur sa peau, faites entendre le roseau, l'encre.
Nouvelliste, posez, sur les portes de vos chambres les plus secrètes, de l' intime l'énoncé des chapitres.
Architecte, établissez le plan de la demeure, elle constitue votre relation à l'étrange étrangeté, à cette autre qui vous est si singulière, sur l'épiderme inscrivez le reflet, le révélateur, de vos introspections sensibles, marche après marche.
Exprimez, écoutez la chambre noire de vos rêves argentiques,
là où je devine vos yeux rougis sous la lampe.
La vie est un laboratoire qui nous éprouve.
Développez le négatif, vous obtiendrez l'image.
Fixez l'image, l'image ne se noircira plus.
L'image n'aura plus peur, elle n'aura plus peur de la lumière.
L'image recherchera la lumière, l'image recherchera l'exposition.
L'image rencontrera son désir.
Un désir exact, nu, sur les cimaises de votre âme, son entité charnelle,
la photographie de votre identité.
Vous ne serez plus clandestin à vous même.
Pour autant de ses frontières l'alchimie du mystère restera indemne.

Estelle C.


[Kanfr,
son voyage in terra incognitae, dont il nous restitue six vues, six expositions, vous ne pouvez lire ses petits mots sur ces reproductions, (même en cliquant sur l'image pour l'agrandir), vous en devinerez certains, aussi considérez cette obstruction comme une invitation à nommer vous-même, à dresser la cartographie de votre bien-aiméE, de votre tendre.

Kanfr, découvert lors d'une exposition salle St Ravy, un ravissement face à ses oeuvres et plus particulièrement pour ce planicube femelle dont le titre provocateur n'a pu me détourner de la tendresse qui se lit dans cette anatomie de l'observation sous toutes ses coutures, sensible à la poésie du concept, scribe d'un érotisme ludique.]

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Entre La Nature, ce que vous exposez et ce que Jules dit...je suis plongée dans un univers où je passe de l'état embryonnaire à l'était lunaire. C'est magnifique. Vous avez remarqué comme les corps s'aspirent et se désaspirent puis s'inspirent.

sémaphore a dit…

C'est le crépuscule qui m'inspire!
Le passage du visible à l'invisible, ce clair-obscur objet du désir irradie et répond aux attentes qu'il devine.
Il n'y aura plus aucun doute sur mon désir de marcher nus pieds à ses côtés, alors mes chaussures aux semelles de plomb se délaceront d'elles-mêmes.