NOVA (extrait)
Ce n’est que moi, originaire d’un autre village, pas très différent. Mais soyez-en persuadés, l’esprit de l’ère nouvelle parle en moi et voici ce qu’il a à vous dire. Oui, le danger existe : c’est grâce à lui que je peux parler comme je vais parler : dans la résistance. Aussi, écoutez mon poème dramatique. - ne plus glisser au fil de vos rêves, c’est bien ; mais ne vous réveillez pas les uns les autres en aboyant comme des chiens. Vous n’êtes pas des barbares, et aucun de vous n’est coupable ; dans vos crises de désespoir vous avez peut-être constaté que vous n’êtes pas du tout désespérés. Désespérés, vous seriez morts. On ne peut pas renoncer ; ne jouez donc pas les solitaires intempestifs : car si vous continuez à avoir de l’inclination pour vous-mêmes, ne voyez-vous pas dans l’abandon où vous êtes une lueur des dieux ?
(...) Le ciel est grand. Le village est grand. La paix éternelle est possible. Ecoutez la musique de caravane. Suivez le son qui pénètre tout, englobe tout, rend compte de tout, redressez-vous tout en mesurant et sachant, soyez vers le ciel. Voyez danser les pulsations du soleil et fiez-vous à votre coeur qui bout. Le tremblement de vos paupières c’est le tremblement de la vérité. Laissez s’épanouir les couleurs. (...) Allez éternellement à la rencontre. Passez par les villages.
Peter Handke, monologue final de Par les villages
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