mardi 15 juillet 2008

L’éloquence décuplée par Poetessa

L’éloquence décuplée

Dans les phrases dirigées
a côté des pas perdus
se faufile le roi spectral
et la prouesse d’immersion.

A l’envers de ma boussole
je changerais la camisole
pour un peu d’éloquence
dans le bavardage des fous.

Déployant les aromes
qui percutent les sens
je n’aurai d’autre famille
que les extrêmes du désir.

Je saurai les pousser
jusqu'à leur futilité extraite
avec l’espoir d’une vigilance
qui ne faiblisse pas.

POETESSA
source : http://www.blogg.org/blog-61938-billet-765528.html#commentaires-1076975

Eloge des Oiseaux [radio]- 1ère partie GIACOMO LEOPARDI

... Quoi qu’il en soit, ce fut une remarquable combinaison de la nature que d’accorder aux mêmes animaux le vol et le chant, car, ainsi, ceux qui ont à divertir les autres créatures avec la voix se rencontrent d’ordinaire dans les lieux élevés, d’où celle-ci peut se répandre plus largement à l’entour et toucher un plus grand nombre d’auditeurs; et d’autre part, l’élément destiné au son, l’air, se trouve peuplé de créatures chantantes et musiciennes. C’est vraiment un grand réconfort et un grand plaisir que procure, autant, me semble-t-il, aux animaux qu’à nous-mêmes, le chant des oiseaux. Je crois que cela tient moins à la douceur des sons, à leur variété ou à leur harmonie, qu’à cette idée de joie qu’exprime naturellement le chant, en particulier celui-là, lequel est une sorte de rire que l’oiseau émet lorsqu’il est plongé dans le bien-être et le contentement.

Ainsi, pourrait-on dire, les oiseaux partagent avec l’homme le privilège de rire, que la nature refuse aux autres animaux; raison pour laquelle certains pensent que l’homme, qui est défini comme un animal intelligent ou raisonnable, pourrait tout aussi bien être qualifié d’animal rieur, étant donné que le rire ne le caractérise pas moins en propre que la raison. Certes, c’est merveille qu’au fond de l’homme, de toutes les créatures la plus misérable et la plus tourmentée, réside la faculté de rire, étrangère à tout autre animal. Merveilleux aussi, l’usage que nous faisons de cette faculté, puisque jetés dans la plus cruelle infortune, accablés de chagrin, écœurés de la vie, convaincus de l’inanité des biens humains, à peu près inaccessibles à la joie et privés de tout espoir, nous n’en sommes pas moins capables de rire. Bien mieux: moins ils ignorent la vanité de ces biens, et la misère de la vie, moins ils sont aptes à espérer et à jouir, et plus ces êtres singuliers se montrent susceptibles de rire.
...

texte intégral ici :
http://pagesperso-orange.fr/chabrieres/texts/leopardi.html

Eloge des Oiseaux - 1ère partie
GIACOMO LEOPARDI
Ecouter maintenant

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samedi 12 juillet 2008

Rêver d'un corps à l'aube,... Philippe Jaccottet


Etna par P.Bellisent
crédit photo: www.bellissent.com/


Rêver d'un corps, à l'aube, qui n'aurait plus pour ornements à retirer que les constellations de septembre.

Philippe Jaccottet, cahier de verdure

nb : extrait glané ici http://www.tissiane.com/article-3300099-6.html#anchorComment

vendredi 11 juillet 2008

Chanson de l'oiseleur


Chanson de l'oiseleur


L'oiseau qui vole si doucement
L'oiseau rouge et tiède comme le sang
L'oiseau si tendre l'oiseau moqueur
L'oiseau qui soudain prend peur
L'oiseau qui soudain se cogne
L'oiseau qui voudrait s'enfuir
L'oiseau seul et affolé
L'oiseau qui voudrait vivre
L'oiseau qui voudrait chanter
L'oiseau qui voudrait crier
L'oiseau rouge et tiède comme le sang
L'oiseau qui vole si doucement
C'est ton coeur jolie enfant
Ton coeur qui bat de l'aile si tristement
Contre ton sein si dur si blanc.

Jacques Prévert,
in "Paroles"

mercredi 9 juillet 2008

Le seuil... Proverbe [photographie Sylvaine Vaucher]


photographie © Sylvaine Vaucher


"Le seuil est la plus haute des montagnes"

proverbe slovène

lundi 7 juillet 2008

le fragment selon David Lynch [photamontage, Claude Cahun]


photomontage, Claude Cahun

« Très souvent, lorsqu’on aperçoit que la partie, c’est encore pire que de voir le tout. Le tout a peut-être une logique, mais hors de son contexte, le fragment prend une valeur d’abstraction redoutable, pouvant tourner à l’obsession ».

David Lynch


mercredi 2 juillet 2008

Le martinet, René Char

Le martinet

Martinet aux ailes trop larges, qui vire et crie sa joie autour de la maison. Tel est le coeur.

Il dessèche le tonnerre. Il sème dans le ciel serein. S'il touche au sol, il se déchire.

Sa repartie* est l'hirondelle. Il déteste la familière. Que vaut dentelle de la tour ?

Sa pause est au creux le plus sombre. Nul n'est plus à l'étroit que lui.

L'été de la longue clarté, il filera dans les ténèbres, par les persiennes de minuit.

Il n'est pas d' yeux pour le tenir. Il crie, c'est toute sa présence. Un mince fusil va l'abattre. Tel est le coeur.

René Char
("La fontaine narrative" - 1947 -
"Fureur et mystère" - 1948 - Gallimard)