
Ainsi, pourrait-on dire, les oiseaux partagent avec l’homme le privilège de rire, que la nature refuse aux autres animaux; raison pour laquelle certains pensent que l’homme, qui est défini comme un animal intelligent ou raisonnable, pourrait tout aussi bien être qualifié d’animal rieur, étant donné que le rire ne le caractérise pas moins en propre que la raison. Certes, c’est merveille qu’au fond de l’homme, de toutes les créatures la plus misérable et la plus tourmentée, réside la faculté de rire, étrangère à tout autre animal. Merveilleux aussi, l’usage que nous faisons de cette faculté, puisque jetés dans la plus cruelle infortune, accablés de chagrin, écœurés de la vie, convaincus de l’inanité des biens humains, à peu près inaccessibles à la joie et privés de tout espoir, nous n’en sommes pas moins capables de rire. Bien mieux: moins ils ignorent la vanité de ces biens, et la misère de la vie, moins ils sont aptes à espérer et à jouir, et plus ces êtres singuliers se montrent susceptibles de rire.
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texte intégral ici :
http://pagesperso-orange.fr/chabrieres/texts/leopardi.html
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