vendredi 6 février 2009

Red light au Musée Fabre

NGUYEN-HATSUSHIBA-MEMORIA
Memorial Project Nha Trang, Vietnam, Towards the complex, For the Courageous, the Curious and the Cowards 01

Dimanche 18 janvier 2009

D'un coup sec, l'arrachement.
Un pansement sur tout le corps, à l'intérieur aussi, écorchée, je me suis extraite de mes draps.

Je m' infligeais l'agression d'une sortie, une extraction hors du lit, m'extirpant de sa moiteur mouvante où j'enfouis une torpeur panique, jour après jour.

Je m'ébrouais de la fatigue, je tentais du moins, je tentais le déni.
Goutte à goutte, tout mon corps pleure dans le sommeil.

Une convalescente, non.
Une mutilée, une incurable, ayant à entretenir ses facultés motrices, j'allais au rendez-vous.

Je pensais qu'elles auraient terminé leur visite, mais non, attablées devant le musée, elles discutaient en m'attendant, l'une d'elle commençait sa carrière de psy, face à sa féminité d'adolescente je ne crois pas qu'un désir de me livrer, de me délivrer puisse surgir, jamais. Nulles oreilles, nulles oreilles, autres que celles d'une magicienne, d'une sorcière, de mon extraterrestre, peut-être... le creux d'un arbre. D'un arbre en feu.

Je les suivais, me prêtais aux propositions ludiques des installations, puis les quittais pour un groupe guidé par une conférencière, jusqu'à cette lumière rouge, dont elle nous dit que le pendant de l'oeuvre, la lumière verte et la voix féminine exprimant le positif de la vie, avait été installé dans les toilettes par la conservatrice du Musée. Elle la subissait depuis plus plusieurs mois. Comme quoi les propos sur le bonheur ne sont pas toujours supportables.

Une fois seule, je me suis approchée du magnéto, sous la lumière rouge et j'ai souri, souri de l'ironie du sort, triste sourire, la voix de l'homme répétait laconique :
- Je ne sais pas vivre
- Je ne sais pas vivre
- Je ne sais pas vivre
...
Je pensais n'être venue dans ce lieu que pour entendre cela. Le propre écho d'une obsession, la mienne, déchirante.
Mon amie me retrouvant, me tira hors de ce miroir, où je me perdais, où je me noyais.

J'ai cherché le nom de l'artiste dans le dépliant du musée, cette oeuvre, ce diptyque séparé, ne figure pas dans le parcours, pourtant je ne l'ai rêvé... la lumière verte me restera inconnue.

Puis, je fus immergée dans une sous-marine course de pousse-pousse , et je te revoyais.
J'imaginais devenir ce nuage de pollen, être une graine de pissenlit, te rejoindre,
rentrer dans ta bouche, unir nos cosmogonies, à la belle étoile.

Les uniformes ayant disparu, j'emportais Circé au bas de l'escalier, gardienne du lieu.
Elle seule saurait.


Estelle C.

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